Accompagner des film muets et les présenter en Ciné-concerts, c’est s’engager dans une aventure où les œuvres du passé revivent, à travers les  propositions des musiciens qui s’invitent dans la salle obscure et les accompagnent.
Dans la salle éclairée d’une lumière tamisée, le musicien est le premier spectateur du film. Habité par l’histoire, il improvise au gré de ses émotions. Chaque plan, chaque ombre se transforme en image sonore. Le musicien ouvre les portes d’un monde où les mots n’ont pas leur place.
Improviser face à un film muet, c’est offrir à chaque fois une nouvelle lecture. Tous les films se prêtent à l’improvisation, science-fiction, films d’horreur ou comédies, pourvu que le travail du musicien se fasse toujours dans le plus grand respect de l’œuvre .
« L’essentiel est de toujours laisser respirer le film ».
Les cinés concerts sont accompagnés par des instruments issus de la scène traditionnelle électronique (claviers, pads, échantillonneurs ou samplers, des instruments rares comme le théremin ou les structures sonores Baschet et l’intégration de factures instrumentales personnelles en constante évolution (carbotrons, batterie de casseroles…).
Nous avons accompagné les maîtres du burlesque…
À l’heure où l’on pense les catastrophes, où elles occupent une grande part du champ du discours médiatique et de l’action politique, que peut bien nous dire un corps burlesque des années 1920 qui, avec une belle constance, a traversé plus d’un désastre pour nous amuser ?
Que racontent les corps de Buster Keaton, Charlie Chaplin, Harold Lloyd  ?
Héroïques par juste nécessité, leurs gestes, leurs actes, sont ceux d’une résistance à un univers catastrophique et transformable, monde invivable, seul monde habitable, avec lequel il faut bien faire, vu, arpenté, mesuré, éprouvé, de l’œil et par le corps – outils salutaires – du burlesque.

Cineconc

  • LA MAISON DÉMONTABLE de Buster Keaton et Eddie Cline – fiction, 1920, muet, noir et blanc, 24 min. :
    Un jeune couple se fait offrir une maison en kit. Il ne lui reste plus qu’à la monter. Ce qui serait facile si un rival n’avait pas inversé les numéros des caisses ! Un épisode plein d’humour.
  • LE MANOIR HANTÉ de Hal Roach avec Harold Lloyd – 1920, film muet, noir et blanc, 27 min. :Le testament d’un habitant du sud des États-Unis fait de sa petite-fille l’héritière de sa plantation à la condition expresse qu’elle et son mari vivent un an dans la  maison de famille. Mais avant d’affronter les fantômes, Mildred Hillary va d’abord devoir se marier.
  • MODERN TIMES de Charlie Chaplin – sortie en 1936, 145 mn. :
    Il s’agit du dernier film muet de son auteur et le dernier qui présente le personnage de Charlot, lequel lutte pour survivre dans le monde industrialisé. Le film est une satire du travail à la chaîne et un réquisitoire contre le chômage et des conditions de vie d’une grande partie de la population occidentale lors de la Grande Dépression. Conditions imposées, selon Chaplin, par les gains d’efficacité exigés par l’industrialisation des temps modernes.
  • IT’S A GIFFT HAL ROACH SNUB POLLARD – 1923, 10 mn. :
    … où un professeur fou invente une série d’objets-gag plus délirants les uns que les autres pour séduire les magnats du pétrole.
  • L’ ÉCRAN DÉMONIAQUE :
    L’âge d’or du cinéma allemand du début Du 20° siècle, son utilisation, parfois radicale, des contrastes, des ombres, l’architecture, l’atmosphère sombre, le goût pour les thèmes macabres, magie de la lumière, la pénombre, le fantastique stylisé, les symphonies de l’horreur,  le monde des ombres et miroirs…
  • NOSFERATU – 1922 – Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, réalisé par Friedrich W. Murnau :
    nosferatuNosferatu fait indéniablement partie des plus beaux films du cinéma muet.  Vu 80 ans plus tard, le film conserve toute son intensité et reste fascinant, presque envoûtant.
    La perfection des images et des éclairages de Murnau est évidente et certaines scènes restent gravées à jamais dans  les mémoires, à commencer par la sinistre et effroyable silhouette de Nosferatu.Thomas Hutter, un jeune clerc d’agent immobilier part pour la Transylvanie afin de vendre une propriété au comte Orlok. Après un périple sur une terre d’ombres, le jeune homme est accueilli au sein d’un sinistre château par le comte. Hutter, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Nosferatu cheminera vers sa nouvelle propriété, répandant dans son sillage par ses morsures la mort et la désolation.
    Il s’agit de la première adaptation filmée du roman « Dracula » de Bram Stoker, bien qu’elle fut non autorisée. Il s’agit aussi de l’un des premiers films d’horreur, genre dont Murnau est un des pionniers, et un des grands chefs d’œuvre du cinéma expressionniste allemand.
    Nosferatu a son blog spot : http://nosferatulam.blogspot.fr/
  • LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI  – 1922 – Réalisation Robert Wiene.
    Réalisé par Robert Wiene, DAS CABINET DES DR CALIGARI est considéré comme étant le premier vrai film expressionniste. Le spectateur se laisse entraîner dans un dédale de toiles peintes, très contrasté, envahi de courbes et d’obliques, presque dépourvu d’angles droits. Toujours fascinant par son climat de cauchemar envoûtant, ce film de plus de 80 ans restera à jamais un chef d’œuvre indéniable.

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Les pionniers français du cinéma

Pionniers cinéma

La France a participé à l’invention et à l’amélioration des prises de vues cinématographiques, à la projection de ces prises de vues sur grand écran. Elle a permis aux cinéastes de mettre au point leur langage spécifique, avec l’apport des Frères Lumière, de Georges Méliès, de Léonce Perret et de Max Linder. Tout au long de l’existence du cinéma et des films, la présence des chercheurs et des cinéastes français a été primordiale.

Les frères Lumière furent à l’origine des premiers films. La première projection de 10 films des frères Lumière eut lieu dans le sous-sol d’un café, boulevard des Capucines, le 28 décembre 1895.
Georges Méliès, de 1896 à 1914, réalise près de six cents petits films enchanteurs, mystérieux, naïfs, à la beauté poétique.
Alice Guy, en 1896 avec La Fée aux choux, est la première réalisatrice de l’histoire du cinéma. Réalisant plusieurs centaines de films, elle inaugure ce qu’on appellera plus tard le peplum.

Louis Feuillade est un des plus prolifiques cinéastes français des années 1910. Il est surtout réputé pour ses films à épisodes.
Léonce Perret se singularise par des idées originales de mise en scène. Sa compréhension des techniques littéraires lui permet de jouer avec le « pendant ce temps », il invente l’ellipse et le flash back.
Émile Courtet, dit Émile Cohl de 1908 à 1923, réalise trois cents films précurseurs en matière de cinéma d’animation. Sa créativité, aussi bien technique qu’artistique en fait l’un des artistes les plus inventifs et les plus importants du septième art.
Jean Durand va ouvrir le comique à l’absurde le plus délirant. Il tourne également en Camargue les premiers westerns français.
Max Linder a imaginé ce qui fera le succès de comédiens comme Charlie Chaplin : le cinéma burlesque.

Tout au long du ciné-concert, entre les films (de 3 à 7 min.), cette mémoire est évoquée par la chanteuse narratrice et s’accompagne d’anecdotes autour de la naissance de cet art nouveau et des aléas rencontrés par ces pionniers.

https://youtu.be/mVK4CN1gVPE
http://youtu.be/G9wdG-7YHBg